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Rions un peu des personnages populaires

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Les éditions Bac@BD ont eu la bonne idée de publier un recueil des illustrations caustiques mettant en scène les icônes du petit écran, de la BD, du cinéma ou du jeu vidéo, toutes ces créatures humanoïdes qui peuplent les chambres d'enfants, leurs habits, jusqu'aux motifs de leur brosse à dents. Seul aux commandes d'Enfer et Parodie (sic), Yohann Morin propose un stimulant exercice de style qui, s'il ne fait pas mouche ni nécessairement rire à chaque fois, s'avère précieux pour amorcer une distanciation par l"humour de ces personnages-marques qui nous envahissent, ici sur un paquet de céréales, là sur le cartable du petit, là encore, souriant, sur la montre de la dernière. Un des premiers billets de ce blog déjà en parlait, ô futile nostalgie. On se rapproche aussi de la démarche de Marion Montaigne qui s'amuse à démonter les invraisemblances scientifiques dans les films et séries.

Pourquoi parler de cet album qui n'est "même pas" de la BD ? Et bien parce que le picorer est une excellente manière de maintenir son esprit critique en éveil, de questionner ces personnages qui colorent notre réalité mais s'affranchissent eux de tout principe de réalité. Le tigre de Frosties qui déboule, tout maigre, à l'hôpital parce que des céréales sucrées pour toute nourriture, c'est pas le meilleur régime pour lui, c'est bien vu. Kermit la Grenouille qui sort cul de jatte d'un restaurant français et on en dit déjà beaucoup. Les monstres de Mario qui font la grève parce que le fameux plombier passe tout de même son temps à leur sauter dessus, à les exploser alors qu'en réalité ils ne font rien de mal... Bien sûr, nous ne sommes pas dans du Naomi Klein mis en dessins, mais la parodie, protégée (normalement) par la loi est le meilleur moyen de mettre en présence des personnages qui, par le jeu complexe et élevé des droits d'exploitation, n'ont que très peu de chance de se "rencontrer".

Car ce que pose en creux Yohann Morin ici, c'est l'étrange impossibilité des créateurs, sauf par le biais de l'humour et le recours à de noms trafiqués, à s'emparer de personnages qui ne leur appartiennent pas et à les faire se confronter - ce que la plupart des enfants ne se gênent pas de faire par dessins ou jouets interposés. Pour ceux qui connaissent l'histoire, quand Robert Zemeckis oppose dans une scène d'anthologie Donald et Daffy Duck dans Roger Rabbit, il réalise un fantasme absolu, jubilatoire, qui aujourd'hui serait très vraisemblablement impossible pour des problèmes insurmontables de droits. J'ai toujours eu un faible pour les jeux vidéo qui croisent des personnages, ainsi des combattants de Street Fighters VS ceux de Fatal Fury ou encore la rencontre improbable (et réussie) des personnages Disney avec les univers de Final Fantasy dans la série Kingdom Hearts.

Alors les lapins crétins promeuvent des bagnoles, Largo Winch et Corto Maltese des parfums, Tintin et Haddock 3D de la lessive, le village d'Astérix McDo et c'est... triste ? Si nous sommes "possédés" tout autant que "dépossédés" des personnages emblématiques et des icones graphiques, alors il nous reste à en rire et à confier cela à quelques talents comme Yohann Morin qui secouent le téléviseur, la bibliothèque, la console de jeux ou les rayons de Jouets Club avec une belle énergie. Et vous, qu'en pensez-vous ?

Sébastien Naeco


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